Ugo Casubolo Ferro m’est apparu dès notre première rencontre comme un personnage tout droit sorti d’un film de Pasolini. Mais, à vrai dire, j’avais déjà vu, sans le connaître, quelques-unes de ses œuvres accrochées aux murs de l’École des Beaux à Paris. J’ai sans difficulté superposé l’impression que m’a faite le personnage et celles qu’ont produites sur moi ses premières œuvres : il y avait là une sourde fougue. Nous avons beaucoup parlé de la lumière, de phénoménologie, c’est peut-être le philosophe que j’avais devant moi à cet instant, alors que me revenait en mémoire tout ce que Valérie Jouve m’avait dit de lui : sa passion du tirage, l’aide qu’il lui avait fournie lors de son exposition, j’ai appris qu’il était également proche de mon ami photographe et tireur Payram. Bref, l’étrangeté que dégageait Ugo Casubolo Ferro m’était familière. […]

Tu travailles là où je porte le regard. Vers la surface photosensible qui recueille le gris d’une vache et le gris d’un arbre. Sur la surface de bétons qui accueillent par ton geste la gravure d’une main d’un autre. Dans la surface d’un négatif gratté aussi par mon désir de faire apparaître. Parce qu’elles sont des surfaces sensibles et intimes, je demande à investir tes œuvres. […]

Au milieu d’images en noir et blanc. l’artiste introduit son travail par quelques mots sur la lumière qui n’est « jamais là où on l’attend ». Cette lumière est celle qui permet à ses photographies de voir le jour et de nous être montrées, d’être et de se rendre présentes à nous. Elles sont des vaches dans un pré. un visage baigné de soleil ou le regard complice d’un ami. La lumière, matière première de la pratique à l’argentique, du transfert et du tirage des images, induit et génère une existence comme une expérience d’être au monde. Ugo Casubolo Ferro éprouve cette expérience dans sa relation avec le temps. Ses images reflètent une profonde attention de cette prise du temps au temps. […]